LE BILLET DE PATRICK MARTIN, PRESIDENT DU MEDEF :

Depuis un mois, la France fait l’objet, aux côtés de 6 autres pays Européens, d’une procédure pour déficits publics excessifs. Lundi, c’est la Cour des comptes qui présentait un rapport pointant du doigt une « situation inquiétante » de nos finances publiques. Et le même jour, le commissaire européen à l’Economie, Paolo Gentiloni, indiquait que la France avait « besoin d’un ajustement budgétaire ». Sans oublier la situation déficitaire tout aussi préoccupante des régimes de retraites mise en lumière par les deux récents rapports du Conseil d’Orientation des Retraites (COR) et du Comité de Suivi des Retraites (CSR).

Nous partageons bien évidemment, sans ambigüité, l’objectif de rééquilibrage de nos comptes publics. C’est là aussi bien un enjeu de soutenabilité, de crédibilité vis-à-vis de nos créanciers internationaux, que de pérennité de notre modèle social et de capacité à réaliser des investissements productifs d’avenir.

Mais dans cette quête essentielle devant nous ramener à termes dans les clous du pacte de stabilité et de croissance, nous devons impérativement garder à l’esprit un principe de réalité qui ne saurait échapper à quiconque.

Ce principe de réalité, c’est tout d’abord notre niveau de prélèvement obligatoire : la France demeure la championne européenne en la matière ! Un constat que le Premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici avait déjà rappelé en mars dernier et que les derniers chiffres de l’Institut Molinari confirment. Il est à ce titre tout à fait proscrit d’actionner ce levier fiscal, sous peine d’obérer totalement la capacité des entreprises de France à contribuer à la réussite du pays, aussi bien sur le plan économique, que social et environnemental : trop d’impôt tue l’impôt !

Davantage d’impôts ce sont tout simplement moins de recrutements, moins d’investissements – à l’heure où les transition numérique et climatique sont synonymes de montants considérables -, moins de partage de valeur – alors que le pouvoir d’achat est la préoccupation principale des Français -, en somme moins de capacité à répondre aux priorités du pays et de nos concitoyens.

L’autre principe de réalité, c’est évidemment la concurrence internationale qui, indépendamment des tribulations qui agitent le paysage politique français, ne laisse aucun répit à nos entreprises. Leur impérative compétitivité ne saurait à aucun moment être compromise, et nous n’aurons de cesse de la défendre.
Pression fiscale record, concurrence internationale exacerbée, mur d’investissement, c’est à la lumière de ce panorama dans lequel évoluent nos 200 000 entreprises adhérentes que nous réaffirmons notre ligne rouge : pas d’augmentation d’impôts.

Le véritable levier à actionner pour rééquilibrer nos comptes publics est double : réduire les dépenses et créer plus de richesse.

Le premier volet incombe à l’Etat mais aussi aux collectivités et appelle à une réduction nette des dépenses de fonctionnement.

Le second quant à lui est dans la main des entreprises. Créer plus de richesse, en partager les fruits, en somme générer une croissance responsable au service de l’intérêt général, c’est ce à quoi aspirent les entreprises de France. Mais cela demande qu’on leur garantisse les conditions de leur action : compétitivité, je l’ai rappelé, mais aussi visibilité et lisibilité en lieu et place de l’actuel brouillard d’incertitude qui gèle leurs décisions, et enfin stabilité.

A l’heure où s’ouvre une nouvelle législature, le MEDEF ne variera pas de cap, non pas par dogmatisme, loin de là, mais car il en va tout simplement de la réussite des entreprises de France, et donc de la France !

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